luff festival: eradiction of alternativculture resistance’s night
Je vois une lumière rouge, profonde, se mêlant à un bruit apocalyptique. Une odeur de plastique brûlé flotte dans l’air. Je crois bien que ce fou a fait griller la sono. Il y a quelques minutes ça allait encore, j’assistais à une performance de pure noise, sans mélodie, sans rythme, une pure expérience physique ; basses et aigus transperçant mon corps tout entier. Antimatter
, artiste polymorphe décadent faisait trembler la salle toute entière.
Puis il est arrivé, timide, presque caché derrière sa machine, crâne rasé, le regard fixe, intense : Zbigniew Karkowski avait fait son entrée.
Une oreille non avertie ne sera qu’endolorie par un concert de son à l’état brut, n’y trouvant qu’un amas de décibels dénués de sens. Elle ne pourra également définir qu’est-ce qui peut bien se passer sur scène, et surtout dire qui fait quoi.
Karkowski allait justement prouver le contraire, parvenant en un instant à décupler la monstruosité sonore qui sortait des machines d’Antimatter, me faisant presque tomber à la renverse par ses sons apocalyptiques. Peut être une attaque de l’oreille interne, ou avait-il pu désagréger mon cerveau a distance. L’expérience est inqualifiable tant elle est intense.
Moi qui trouvait déjà que Jazkamer avait atteint un sommet, non seulement basé sur des machines électro-analogiques-démoniaques, mais également appuyés d’une lourde artillerie heavy metal: 2 guitares, une basse, et 2 batteries, dont une à double grosse caisse. Déchaînés tels des hyènes enragées, défoncées au speed et aux amphétamines, le collectif Norvégien s’acharnaient à faire sortir les sons les plus distordus, puissants et sauvages de leurs instruments. Pour les accompagner, Astro, massacrait ses machines, hurlant dans son micro saturé.
Toujours dans le bruit brut, le concert précédent du même Astro, accompagné de Phroq et de la danseuse Rieko A, avait ajouté l’envoûtement visuel aux aventures intérieures produites par ces amas de décibels. Sur une scène dont seules quelques lumières rouges ou bleues venaient briser l’obscurité, la chorégraphe japonaise nous a offert une performance rare d’expression corporelle, dont la douceur et l’harmonie tranchait singulièrement avec la violence sonore.
The Skull Defekts avait ouvert le bal, puissance métal à l’état pur, anarchie sonore, rythmes répétitifs ravageurs, expérimentations électroniques en sus. De quoi se mettre dans le bain de flammes qui allait noyer la soirée.
Je sors de la conférence retraçant l’évolution du cinéma érotique danois, ayant supplanté les productions suédoises jusque là incontournable, repoussant sans cesse les tabous d’une Amérique puritaine.
Une bière, un bol d’air, puis départ pour la salle des fêtes, pour y suivre la soirée « Eradiction of AlternativCulture Resistance’s Night » dont le programme risque bien de me mettre la tête à l’envers, et me faire perdre le sens des réalités…
Article posté originalement sur le site hexadance.com pour l’évènement: ‘11.10.2007 luff festival: eradiction of alternativculture resistance’s night @ Casino de Montbenon
